Les animalistes, c’est-à-dire les antispécistes, végans, anti-chasse, anti-cirques, anti-corridas, anti-élevages, anti-équitation, anti-vènerie, etc., ne sont qu’une poignée d’extrêmistes. Le 24 septembre 2018, Europe 1 évaluait leur nombre à seulement 0,5 % des Français :
Pourtant, on les croirait des millions. Comment est-ce possible ?
D’abord, ils ont souvent beaucoup de temps devant eux pour militer. Ils sont rentiers, vivent du travail de leur conjoint ou chez leurs parents, dans de grandes villes. Ils ne connaissent pas la campagne. Ils font la morale partout où ils se trouvent. Les omnivores (que nous sommes à 99,5 %) ne font la morale à personne. Ils ne cherchent à convaincre personne de manger de la viande. La visibilité des omnivores et celle des végans n’est donc pas la même, par définition. Cela crée un effet de loupe qui n’est pas représentatif de leur nombre réel dans la société. Cet effet de loupe est accentué par les médias, qui aiment évoquer les différences, les minorités, les activités inhabituelles, hors du commun… Cela donne à ces militants une visibilité qui est supérieure à ce qu’ils représentent réellement.
Ensuite, ils sont malins. Ils créent des comptes sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, Tik Tok, etc.) et multiplient les faux comptes destinés à faire croire à leur nombre. En utilisant quelques mots-clés, on s’aperçoit qu’ils peuvent multiplier le même message de manière à faire croire à une vague, à un mouvement de société :
Comme on le voit sur la timeline de Twitter, la répétition crée un effet d’accumulation qui fait croire à une multitude, alors que derrière, il n’y a que quelques agitateurs énervés.
Enfin, ils multiplient les pétitions. Dès qu’ils apprennent qu’un cirque va s’installer dans une commune, ils créent une pétition sur un site militant, mesopinions.com, et invariablement ils obtiennent 15 à 25.000 signatures, même quand la ville fait… 3.000 habitants (le nombre de militants actifs de la cause animale peut être évalué à une fourchette de 20 à 25.000 personnes, et c’est aussi le nombre de signataires de la majorité des pétitions dans les villes).
On se demande comment les journalistes et les hommes politiques peuvent se faire avoir par de tels subterfuges. C’est que journalistes et hommes politiques ont un point en commun : ils sont présents activement sur les réseaux sociaux. Et leur regard sur la société est déformé par le prisme de ces réseaux. Ils finissent par se persuader que ce que disent ces Français ultra-minoritaires sur Twitter est représentatif de ce que pense la majorité.
Par ailleurs, l’effet de répétition, amplifié par des médias crédules ou complices, finit par faire croire aux Français eux-mêmes qu’il y aurait un mouvement de société « inéluctable » et qu’on devrait s’y soumettre séance tenante. Les politiques ont toujours peur d’être en décalage avec la société ; dès qu’on leur dit qu’il « est temps d’évoluer », que « le moment est arrivé », ils ont tellement peur de rater le train de l’évolution qu’ils se ruent du côté de ceux qui propagent ces utopies.
Aucun mouvement de société inéluctable
Disons-le bien fort ici : il n’y a aucun mouvement de société inéluctable en faveur des thèses antispécistes ; ils sont 0,5 % de la société et ce chiffre n’évolue pas. Que les Français soient plus sensibles à la cause animale est en revanche une certitude, mais cela ne signifie pas qu’ils adhèrent aux thèses folles de l’antispécisme. En bref, les Français sont welfaristes, mais pas abolitionnistes. Ils veulent qu’on améliore la vie des animaux, si c’est possible (welfarisme), mais pas qu’on mette fin à l’élevage, à l’équitation ou aux cirques (abolitionnisme).
Nous artistes de cirque, nous sommes aussi des Français comme tout le monde. Cette évolution, nous la ressentons dans nos familles. Nos enfants, qui grandissent avec nos animaux, y sont plus sensibles qu’avant, comme tous les écoliers de leur âge. Mais être sensible à la bientraitance animale, ce n’est pas vouloir tout interdire, tout supprimer, et revenir à la lampe à huile. Nous sommes pas des Amishs, pour reprendre l’expression fameuse d’Emmanuel Macron.
Il faut que notre société apprenne à porter un regard différent sur les animaux, c’est une certitude. Mais les animaux ne sont pas l’homme. Les animaux ont conscience (de leur environnement), mais ils n’ont pas de conscience ; ils ont conscience de ce qui les entoure, mais seul l’homme « a conscience qu’il a conscience ». C’est ce qui, de toute éternité, fait de l’homme un être vivant à part, dont la destinée n’est pas dictée par son instinct, mais par une pensée libre de tout déterminisme (l’instinct est un déterminisme).
« Je pense donc je suis » a écrit Descartes. Les animaux ne pensent pas, ils ne peuvent articuler un raisonnement. Leur prêter nos propres émotions, pensées et raisonnements, c’est succomber à l’anthropomorphisme. L’anthropomorphisme est une erreur fondamentale de la pensée : nous ne sommes pas des animaux (ou pas seulement), et les animaux ne sont pas l’homme ; il n’y a pas d’égalité. Aucune avancée scientifique, aucune découverte, aucune théorie ne démontre le contraire, et certainement pas l’antispécisme.
20 % des Français vont au cirque !
L’avenir de nos relations avec les animaux n’est pas dans le tout-ou-rien binaire des antispécistes, dont l’objectif est l’interdiction de toute relation de l’homme avec les animaux (fin des élevages, de l’équitation, des cirques, des animaux de compagnie…). L’avenir de nos relations avec les animaux est dans une prise de conscience qu’ils sont, pour la plupart, des êtres sentients. Les artistes de cirque sont les premiers à en avoir conscience, puisqu’ils sont nés, ont grandi et travaillent avec leurs animaux. Quoi qu’il arrive, les artistes sont et resteront toujours indéfectiblement attachés à leurs animaux ; et les 13 millions de Français (19,4 % des Français !) qui viennent les applaudir chaque année également.
Même si la manipulation des réseaux sociaux ou des pétitions, et la publication de sondages biaisés tend à faire croire le contraire, les antispécistes sont et restent 0,5 % des Français.
C’est cela la réalité, sociale, sociétale et politique.
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